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23 octobre 2010
Haïti au temps du choléra
Neuf mois après le tremblement de terre, le pays est de nouveau en état d'alerte
L'épidémie de choléra qui sévit dans le nord d'Haïti depuis quelques jours a mis le pays en état d'«alerte maximale», hier, alors que l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS) prévoit qu'elle s'étendra avant d'être freinée. Déjà, deux cas ont été confirmés dans la région administrative de la capitale, Port-au-Prince.
L'infection a fait au moins 150 morts jusqu'à présent. Et la situation dans les hôpitaux de la région rurale d'Artibonite tend à confirmer les prévisions de l'OPS.
«Les malades continuent d'arriver et nous n'avons pas suffisamment d'espace pour les accueillir», raconte le responsable de l'unité sanitaire de la région, le Dr Raoul Voncent, tandis que
des patients se font soigner à même le sol tout près de lui. Selon des médias locaux, des malades meurent sur la route qui les sépare de l'hôpital.
Neuf mois après le séisme qui a fait 250 000 morts autour de Port-au-Prince, le gouvernement haïtien est à nouveau ébranlé par une grave alerte.
«Nous sommes en état d'urgence sanitaire, c'est un nouveau malheur qui frappe le pays», a affirmé le ministre haïtien de la Santé, le Dr Alex Larsen. Il a déclaré hier qu'
il s'agit du type de choléra qui est le plus dangereux, soit la souche «01». «Cette maladie est très dangereuse. Elle peut tuer en trois heures,
car une fois que la diarrhée commence, elle ne s'arrête pas.» Le malade se déshydrate ainsi rapidement et a besoin d'antibiotiques, en plus de liquide pour se réhydrater.
L'OMS sur place
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a envoyé cinq experts sur le terrain pour surveiller et évaluer la situation, en plus de mobiliser des équipes médicales et de coordonner l'envoi de matériel de soin. L'assistante du secrétaire général des Nations unies pour les affaires humanitaires, Catherine Bragg, a dit que les responsables ne savent pas quand la crise sera maîtrisée. «Les décès attribuables au choléra peuvent être évités, et nous faisons tout ce que nous pouvons. Néanmoins, il est clair que nous devons en faire plus», a dit Mme Bragg, au siège social de l'organisation internationale, à New York. La vitesse de propagation de la maladie inquiète l'organisation.
Les Haïtiens n'ont aucune immunité contre le choléra, puisque la population n'a jamais été exposée à cette infection. Le choléra n'avait pas été repéré dans le pays depuis au moins 100 ans. Mais l'infection peut être évitée si les Haïtiens appliquent les mesures de prévention, selon le directeur adjoint de l'OPS, le Dr Jon Andrus.
La ministre de la Coopération internationale, Bev Oda, définira ce soir l'aide que fournira le Canada.
Les autorités médicales s'inquiètent à l'idée que l'épidémie puisse se rendre jusque dans les camps de réfugiés du séisme, établis dans la capitale, où vivent 1,5 million de sans-abri dans des camps de fortune. «Ce sera très, très dangereux, prévient le président de l'Association médicale haïtienne, Claude Surena. Port-au-Prince compte plus de 2,4 millions de personnes, et la façon dont elles vivent est déjà assez risquée», a-t-il ajouté.
La présence de nombreux organismes humanitaires, en raison du séisme, est une bénédiction pour le pays, selon le Dr Andrus, de l'OPS. «Nous avons heureusement un partenariat [d'intervention] qui n'a jamais été aussi solide», rappelle-t-il.
L'aide n'est toutefois pas encore toute parvenue dans les régions touchées par le choléra, selon les médecins interrogés. Les hôpitaux manquent de médicaments et sont débordés. «Nous avons un problème de véhicules pour transporter les malades et le personnel pour les soigner», raconte le responsable de l'unité sanitaire de l'Artibonite, le Dr Raoul Voncent. Le ministère de la Santé d'Haïti a envoyé trois ambulances supplémentaires dans la région, hier. Les organismes humanitaires présents dans le pays acheminaient, hier, du matériel vers le centre d'Haïti.
Informer la population
Après une réunion du gouvernement avec les autorités sanitaires, le président haïtien René Préval a indiqué que son équipe tente «maintenant de [s']assurer que la population est pleinement informée des mesures de précaution à prendre pour éviter d'être contaminée».
Le choléra se contracte par ingestion d'eau et de nourriture infectée. Le fleuve de la région d'Artibonite, qui porte le même nom, semble contaminé. Il irrigue tout le centre du pays et des Haïtiens s'y abreuvent. Les Haïtiens doivent donc s'assurer que l'eau consommée et utilisée pour la cuisine est sûre ou traitée.
Des examens ont été réalisés en laboratoire pour déterminer la cause de l'apparition du choléra.
La mauvaise qualité de l'eau et les faiblesses du réseau sanitaire et des conditions d'hygiène favorisent généralement l'apparition de la maladie.
Hors des frontières
La République dominicaine, voisine d'Haïti, a lancé hier un programme de veille de l'épidémie. L'arrivée du choléra en Haïti «représente tout le danger du monde» pour les Dominicains, puisque
les épidémies ne s'arrêtent pas aux frontières, rappelle le ministre de la Santé publique dominicain, Bautista Rojas Gomez.
«Il n'y a pas de possibilité d'empêcher une bactérie ou un virus de passer.» Aucun cas n'a été rapporté pour l'instant dans ce pays. Les centres de santé haïtiens à la frontière des deux pays se préparent tout de même à affronter une éventuelle propagation jusque-là.
Selon l'OMS, le choléra est toujours une menace dans le monde et est un bon indicateur du développement social. Hier, le Fonds des Nations unies pour l'enfance annonçait que 1555 personnes sont mortes après avoir contracté le choléra depuis janvier au Nigéria, pays d'Afrique de l'Ouest qui connaît aussi une épidémie.
http://www.ledevoir.com/international/f ... du-cholera