
Bonjour toutes et tous

La réalité de l'après vie immatérielle est avérée. Ce serait rendre service aux effrontés de l'accumulation de biens matériels que de leur faire entendre cela, quitte à leur tirer un peu l'oreille pour qu'ils comprennent que les priorités sont avant tout sociales.AJA a écrit :IL SERAIS TEMPS DE REVENIR A CES RÉALITÉS SANS QUOI VOUS VOUS PRÉPAREZ A DES LENDEMAINS TOURMENTÉS , QUI VONT VOUS RAMENER A LA VÉRITÉ DU CRÉATEUR
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20.05.2011
Une société blessée, une démocratie en peine
Le "mouvement du 15 mai" prend de l'ampleur, les places centrales sont occupées dans la majorité des grandes villes espagnoles, et ce malgré l'interdiction de certains rassemblements. Reste aux "sans toit, sans boulot, sans retraite et sans peur" à transformer cette indignation en action politique, confie un chroniqueur d'El País.
Une fois le malaise devenu indignation, le plus difficile reste à faire : transformer cette émotion en action politique. Certains prétendent que c’est impossible, qu’indignation et politique ne font pas bon ménage et que l’indignation n’engendre que de la frustration. L’histoire fourmille pourtant d’exemples qui affirment le contraire : où en serait le mouvement des droits civiques des Africains-Américains sans les mobilisations des années 1960 ? Que se serait-il passé dans les républiques soviétiques sans cette indignation qui poussa tant de personnes à descendre dans la rue ? Ou, sans aller si loin, rappelons que, sans les manifestations populaires, les troupes espagnoles seraient encore en Irak. L’indignation est souvent le pas préalable à un changement ou à une transformation en politique. Nous l’avons vu récemment dans les pays arabes : si l’avenir de ces révoltes est encore incertain, l'on ne peut pas nier que l'indignation ait eu des conséquences politiques.
Enfin, après trois ans de crise, les premières expressions de l'indignation ont surgi en Espagne. Comment pouvait-on encore continuer à refouler ce malaise alors que la situation était aussi explosive : 20 % des travailleurs au chômage, 43 % si nous nous limitons aux jeunes. Nous sommes en train de jeter par-dessus bord toute une génération – avec les terribles conséquences que cela implique pour l’avenir du pays – sans que personne ne bouge le petit doigt. Plusieurs explications sont avancées pour justifier cette passivité : le revenu par habitant qui permet encore aux classes moyennes et à une partie des classes populaires de protéger leurs enfants ; mais aussi la peur, très grande dans une société sans horizon où les gens craignent de perdre ce qu'ils possèdent ; le bien-être de ces dernières années qui aurait engendré un changement culturel et poussé les gens à adopter des positions plus conservatrices ; le martèlement du discours sur la crise et les restrictions acceptées avec résignation. Nous pourrions ajouter une autre explication, à savoir la priorité que José Luis Rodríguez Zapatero, le chef du gouvernement, a accordée aux politiques sociales lors des deux premières années de la crise, ce qui avait fait office d’antidote à la rébellion.
Mais cet effet s’est dissipé dès que Zapatero, sous la pression des marchés, a viré de bord il y a un an, au moment même où la crise commençait à avoir des répercussions sur le porte-monnaie des Espagnols. Le chef du gourvernement a alors dégringolé dans les sondages et le malaise a enfin pu s’exprimer jusqu’à aboutir à une mobilisation sociale. En Espagne, les inégalités ont augmenté de manière exponentielle, mettant en danger l'inégalité optimale, à partir de laquelle apparaît la menace de la fracture sociale. Dans le combat entre pouvoir économique et pouvoir politique, l’économie a toujours conservé l’avantage, mais, au cours de cette crise, la soumission de la classe politique a été si flagrante qu’il est aujourd’hui très difficile de la considérer comme un contrepoids favorable à l’intérêt général. Ajoutez à cela la sanctification légale des puissants et l’obscénité de la finance mondiale qui fait payer ses erreurs aux contribuables tout en répartissant de manière abjecte les bénéfices, et vous comprendrez mieux l’irritation ressentie par les citoyens. Le gouvernement a perdu toute capacité à entendre le malaise social. L'opposition (Parti populaire) s'est contentée de la stratégie du "pire c'est, mieux c'est" en pariant sur le pouvoir et non sur les citoyens. Le bipartisme – spécifique aux pays qui ont les plus grandes inégalités sociales – limite dangereusement la marge de manœuvre des citoyens. Il est donc logique que ces derniers se sentent floués et que l’idée d’une démocratie confisquée se répande.
Curieusement, les citoyens qui expriment en ce moment leur indignation réclament la même chose que ceux des pays arabes : plus de démocratie. Eux, ils ne l'ont pas, alors que nous, nous l'avons. Mais des signes manifestes de détérioration et de mise à l'écart des citoyens sont apparus chez nous. Il faut ranimer la flamme de la démocratie au profit des citoyens et lui donner d’autres moyens qu’une élection tous les quatre ans.
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