Re: ALLIANCE GALACTIQUE
Posté : 20 oct. 2010, 23:24
"Une entreprise qui viole les droits de l'homme ne devrait pas avoir accès aux financements publics"
Des associations de solidarité internationale, des associations écologistes, des syndicats et des chercheurs ont lancé mardi une campagne européenne pour une "gestion durable et équitable des ressources naturelles" qui interpelle les citoyens sur les conséquences sociales et environnementales de l'exploitation des ressources naturelles des pays du Sud par les multinationales européennes. Au nom du réseau "une seule planète", Nathalie Péré-Marzano du Centre de recherche et d'informations sur le développement (CRID) et Antonio Manganella, chargé de mission plaidoyer sur la responsabilité sociale des entreprises pour le CCFD-Terre Solidaire, ont répondu aux questions des internautes du Monde.fr
Toto : Quelles sont les ressources qui sont concernées ?
Nathalie Péré-Marzano et Antonio Manganella : Les ressources dont il est question sont à la fois des ressources naturelles, renouvelables et non renouvelables. Dans le cadre du réseau Une seule planète, il s'agit des ressources extractives (minières, énergétiques), des ressources halieutiques, de l'eau, de la terre. La raison pour laquelle nous nous intéressons à ces ressources en particulier, c'est que leur exploitation est basée sur un modèle qui est source de violations de droits humains et de dommages environnementaux parfois irréversibles. D'autre part, il y a un problème de surexploitation de ces ressources naturelles lié à nos modes de vie et à notre surconsommation. Au-delà de la question de la finitude de certaines de ces ressources, nous souhaitons faire prendre conscience que nos modes de vie, au Nord, ont un impact sur la vie des populations du Sud, où sont présentes la quasi-totalité des ressources naturelles.
Presque tous les pays sont concernés. Il est évident que la plus grosse concentration se retrouve en Asie, en Afrique et en Amérique latine.
Darien : Quelles sont les conditions des concessions accordées par les pays du Sud pour l'exploitation de leurs ressources par des entreprises étrangères ?
Nathalie Péré-Marzano et Antonio Manganella : Ces conditions varient d'un pays à l'autre. Dans certains cas, des entreprises multinationales peuvent tirer bénéfice de la faiblesse institutionnelle des pays dans lesquels elles s'installent. Un point commun, malheureusement, semble être la non prise en compte des besoins des populations locales et la non anticipation des impacts des activités sur la vie de ces populations locales. Il reviendrait normalement aux multinationales de prendre toutes les mesures préventives nécessaires et c'est souvent prévu dans les législations nationales et internationales. Mais il n'y a aucun contrôle du résultat de ces études d'impact. L'Inde, par exemple, met aujourd'hui en place des zones économiques spéciales (des espèces de zones franches modernes) pour inciter des entreprises internationales à s'y installer et à y investir. Ces zones bénéficient d'exonérations fiscales importantes, mais aussi d'un faible contrôle sur les conditions de travail des employés
Abel : Est-ce que vous avez des exemples concrets de conséquences néfastes ?
Nathalie Péré-Marzano et Antonio Manganella : Il y a par exemple le fameux projet de barrage au Brésil sur le Rio Madeira, qui est un projet pharaonique de construction du deuxième plus gros barrage au monde, qui va être essentiellement porté par GDF Suez. Ce projet va entraîner le déplacement forcé de plus de 3 000 personnes, essentiellement des communautés indigènes vivant en Amazonie, pour lesquelles rien n'est prévu aujourd'hui.
On peut aussi parler d'Arcelor Mittal, qui a à Johannesburg une de ses plus grosses usines. Des plaintes ont été portées sur le non respect des droits humains et environnementaux liés aux activités de cette usine, violations qui ont été reconnues par l'Etat. Il s'agit notamment de dégâts sur les nappes phréatiques de la région. Des ONG et syndicats de la région se sont mobilisés pour dénoncer cette situation. A ce jour, Arcelor s'est engagé à dépolluer et à adopter un plan de gestion environnementale, mais personne ne connaît les dispositions qui ont été prises. Il y a une opacité totale, et il n'y a aucun dédommagement des victimes de ces violations.
Autre exemple : l'entreprise Eramet, dont Areva détient 26 % du capital, s'apprête à exploiter un gisement de nickel sur l'île de Weda Bay, en Indonésie. Cette exploitation va générer une destruction des forêts primaires dans lesquelles se trouve le gisement, une expropriation des populations locales et autochtones qui vivent dans et par ces forêts.
Michel Delanoë : Quelles sont les conséquences sociales environnementales et économiques de l'exploitation du soja en Amérique latine (Uruguay, Paraguay...)?
Nathalie Péré-Marzano et Antonio Manganella : Les conséquences de l'extension de la monoculture du soja en Amérique latine sont en plusieurs points dramatiques : expropriations de petits paysans de leurs terres, avec parfois recours à la force pour parvenir à ses fins et assassinats ; dégradation irréversible des sols que provoque cette culture, et surexploitation des sources d'eau, dont le soja a énormément besoin dans ce modèle d'exploitation ; privation de terres et donc à la fois de capacité pour une famille de se nourrir, mais aussi de vivre de sa production, avec toutes les migrations vers les villes que cela provoque, et le plus souvent, dans les zones périurbaines les plus pauvres des agglomérations.
Speed: Les multinationales doivent tout de même payer pour avoir ces concessions. Où va l'argent ? Est-il détourné aussi vite qu'il est arrivé dans les caisses des Etats ?
Nathalie Péré-Marzano et Antonio Manganella : C'est une question complexe. Il y a aussi beaucoup d'opacité sur les conditions de négociation entre l'Etat et les multinationales. C'est pour cette raison que nous demandons un "reporting" extra-financier obligatoire pour toutes les entreprises exerçant des activités à l'étranger. Il s'agit pour l'entreprise de communiquer publiquement sur les données concernant les droits de l'homme, l'environnement, la relation avec les parties prenantes (et donc aussi les populations locales).
http://www.lemonde.fr/planete/article/2 ... _3244.html
Des associations de solidarité internationale, des associations écologistes, des syndicats et des chercheurs ont lancé mardi une campagne européenne pour une "gestion durable et équitable des ressources naturelles" qui interpelle les citoyens sur les conséquences sociales et environnementales de l'exploitation des ressources naturelles des pays du Sud par les multinationales européennes. Au nom du réseau "une seule planète", Nathalie Péré-Marzano du Centre de recherche et d'informations sur le développement (CRID) et Antonio Manganella, chargé de mission plaidoyer sur la responsabilité sociale des entreprises pour le CCFD-Terre Solidaire, ont répondu aux questions des internautes du Monde.fr
Toto : Quelles sont les ressources qui sont concernées ?
Nathalie Péré-Marzano et Antonio Manganella : Les ressources dont il est question sont à la fois des ressources naturelles, renouvelables et non renouvelables. Dans le cadre du réseau Une seule planète, il s'agit des ressources extractives (minières, énergétiques), des ressources halieutiques, de l'eau, de la terre. La raison pour laquelle nous nous intéressons à ces ressources en particulier, c'est que leur exploitation est basée sur un modèle qui est source de violations de droits humains et de dommages environnementaux parfois irréversibles. D'autre part, il y a un problème de surexploitation de ces ressources naturelles lié à nos modes de vie et à notre surconsommation. Au-delà de la question de la finitude de certaines de ces ressources, nous souhaitons faire prendre conscience que nos modes de vie, au Nord, ont un impact sur la vie des populations du Sud, où sont présentes la quasi-totalité des ressources naturelles.
Presque tous les pays sont concernés. Il est évident que la plus grosse concentration se retrouve en Asie, en Afrique et en Amérique latine.
Darien : Quelles sont les conditions des concessions accordées par les pays du Sud pour l'exploitation de leurs ressources par des entreprises étrangères ?
Nathalie Péré-Marzano et Antonio Manganella : Ces conditions varient d'un pays à l'autre. Dans certains cas, des entreprises multinationales peuvent tirer bénéfice de la faiblesse institutionnelle des pays dans lesquels elles s'installent. Un point commun, malheureusement, semble être la non prise en compte des besoins des populations locales et la non anticipation des impacts des activités sur la vie de ces populations locales. Il reviendrait normalement aux multinationales de prendre toutes les mesures préventives nécessaires et c'est souvent prévu dans les législations nationales et internationales. Mais il n'y a aucun contrôle du résultat de ces études d'impact. L'Inde, par exemple, met aujourd'hui en place des zones économiques spéciales (des espèces de zones franches modernes) pour inciter des entreprises internationales à s'y installer et à y investir. Ces zones bénéficient d'exonérations fiscales importantes, mais aussi d'un faible contrôle sur les conditions de travail des employés
Abel : Est-ce que vous avez des exemples concrets de conséquences néfastes ?
Nathalie Péré-Marzano et Antonio Manganella : Il y a par exemple le fameux projet de barrage au Brésil sur le Rio Madeira, qui est un projet pharaonique de construction du deuxième plus gros barrage au monde, qui va être essentiellement porté par GDF Suez. Ce projet va entraîner le déplacement forcé de plus de 3 000 personnes, essentiellement des communautés indigènes vivant en Amazonie, pour lesquelles rien n'est prévu aujourd'hui.
On peut aussi parler d'Arcelor Mittal, qui a à Johannesburg une de ses plus grosses usines. Des plaintes ont été portées sur le non respect des droits humains et environnementaux liés aux activités de cette usine, violations qui ont été reconnues par l'Etat. Il s'agit notamment de dégâts sur les nappes phréatiques de la région. Des ONG et syndicats de la région se sont mobilisés pour dénoncer cette situation. A ce jour, Arcelor s'est engagé à dépolluer et à adopter un plan de gestion environnementale, mais personne ne connaît les dispositions qui ont été prises. Il y a une opacité totale, et il n'y a aucun dédommagement des victimes de ces violations.
Autre exemple : l'entreprise Eramet, dont Areva détient 26 % du capital, s'apprête à exploiter un gisement de nickel sur l'île de Weda Bay, en Indonésie. Cette exploitation va générer une destruction des forêts primaires dans lesquelles se trouve le gisement, une expropriation des populations locales et autochtones qui vivent dans et par ces forêts.
Michel Delanoë : Quelles sont les conséquences sociales environnementales et économiques de l'exploitation du soja en Amérique latine (Uruguay, Paraguay...)?
Nathalie Péré-Marzano et Antonio Manganella : Les conséquences de l'extension de la monoculture du soja en Amérique latine sont en plusieurs points dramatiques : expropriations de petits paysans de leurs terres, avec parfois recours à la force pour parvenir à ses fins et assassinats ; dégradation irréversible des sols que provoque cette culture, et surexploitation des sources d'eau, dont le soja a énormément besoin dans ce modèle d'exploitation ; privation de terres et donc à la fois de capacité pour une famille de se nourrir, mais aussi de vivre de sa production, avec toutes les migrations vers les villes que cela provoque, et le plus souvent, dans les zones périurbaines les plus pauvres des agglomérations.
Speed: Les multinationales doivent tout de même payer pour avoir ces concessions. Où va l'argent ? Est-il détourné aussi vite qu'il est arrivé dans les caisses des Etats ?
Nathalie Péré-Marzano et Antonio Manganella : C'est une question complexe. Il y a aussi beaucoup d'opacité sur les conditions de négociation entre l'Etat et les multinationales. C'est pour cette raison que nous demandons un "reporting" extra-financier obligatoire pour toutes les entreprises exerçant des activités à l'étranger. Il s'agit pour l'entreprise de communiquer publiquement sur les données concernant les droits de l'homme, l'environnement, la relation avec les parties prenantes (et donc aussi les populations locales).
http://www.lemonde.fr/planete/article/2 ... _3244.html