Les spécialistes américains invitent le président Barack Obama à revoir sa copie au Proche-Orient, après dix mois d'efforts intensifs mais infructueux pour relancer le processus de paix.
L'échec, disent-ils, est devenu patent après la visite dans la région de la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, la semaine dernière.
Lors de ce voyage, le président palestinien Mahmoud Abbas a refusé l'offre de Mme Clinton de reprendre les négociations avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu sans obtenir le gel complet des colonies israéliennes -- une exigence que Washington avait soutenue jusqu'à présent.
Dans la foulée, M. Abbas, un interlocuteur précieux des Etats-Unis, a renoncé à se représenter à ses fonctions. Son entourage a accusé Washington d'avoir provoqué sa décision.
M. Obama a ensuite reçu M. Netanyahu brièvement lundi soir, dans un silence de la Maison Blanche envers les médias qui en dit long sur les crispations entre les deux alliés.
Loin d'annoncer un changement, le secrétaire d'Etat adjoint Bill Burns a indiqué mardi que "la volonté et la détermination de l'administration sont inchangées. Nous allons continuer à travailler dur pour obtenir le retour rapide aux négociations, la seule voie vers une solution à deux Etats".
"Le problème fondamental de la politique d'Obama, c'est qu'il croit, comme trop de ses prédécesseurs, que la solution est à portée de main s'il parvient à forcer les parties à s'asseoir autour d'une même table", assure Elliott Abrams, un expert du CFR, dans l'hebdomadaire néo-conservateur Weekly Standard.
"Le temps est venu d'adopter une approche radicalement différente", juge pour sa part dans le New York Times l'éditorialiste Thomas Friedman: "Faire quelque chose qu'aucune administration américaine n'a jamais osé faire: ranger notre pancarte proclamant notre promesse de faire vivre le processus de paix, et rentrer à la maison".
Une option que Jon Alterman, du centre de réflexion CSIS, considère comme une manière de "gagner du temps". Autre possibilité, dit-il à l'AFP: "présenter un plan de paix américain décrivant la forme que pourrait avoir un accord final aux yeux des Américains, et tenter de réorienter ainsi le débat".
Enfin, "le président pourrait s'engager encore plus directement, rendre son implication personnelle plus visible".
Mais "aucun de ces choix n'est très bon", dit-il, en raison de la situation sur le terrain: "La partie palestinienne est en train de s'effondrer, ce qui renforce l'idée des Israéliens que le moment de bouger n'est pas arrivé".
Les Palestiniens "avaient placé de très grands espoirs" en M. Obama, rappelle Robert Malley, de l'International Crisis Group. Mais l'objectif d'un gel complet de la colonisation était selon lui "irréaliste".
Il estime que "ce n'est pas tant l'échec de l'administration Obama à atteindre ses buts qui est inquiétant, mais le fait qu'ils aient défini ces ambitions sans un plan pour gérer la situation s'ils ne parvenaient pas à les atteindre".
Robert Hunter, un ancien ambassadeur américain auprès de l'Otan qui conseille désormais l'organisation RAND, invite l'administration à un virage "tactique".
"Il faut se concentrer sur tous les dossiers qui ne dépendent pas d'un succès de l'ensemble du processus de paix", explique-t-il à l'AFP, "mettre de côté le problème des colonies" et développer l'aide humanitaire à Gaza, par exemple, afin de tenter de réduire l'emprise du Hamas sur la population.
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