Les paysans au Capitole
Agriculture. 5 000 agriculteurs en tracteur, venus de toute la région, ont manifesté hier à Toulouse. Une forte mobilisation, qui témoigne de l'ampleur du malaise.Du purin près du siège de l'UMP
« J'ai repéré le nid ! », clame cet agriculteur. Le nid, c'est le siège départemental de l'UMP. Hier, ce local situé rue Gabriel-Péri, à Toulouse, a fait figure de citadelle imprenable. Durant une vingtaine de minutes, les agriculteurs se sont frottés aux mobiles de la gendarmerie et aux policiers en tentant de pousser les grilles qui protégeaient l'accès au siège du parti politique. Vers 15h45, alors que les convois de tracteurs cheminent vers les allées Jean-Jaurès, via le boulevard de Strasbourg, des agriculteurs décident de s'en prendre aux grilles de protection érigées par les forces de l'ordre, à l'entrée de la rue Gabriel-Péri. Mais très vite une équipe de la Bac intervient à grands renforts de bombe lacrymogène et disperse les manifestants dont certains arborent les foulards verts de la FDSEA de l'Aude. En représailles, les agriculteurs déversent du fumier et des bottes de paille incendiées devant les grilles. Un camion les asperge de purin alors que les forces de l'ordre se tiennent à distance de l'autre côté des barrières. Gendarmes et policiers sont la cible de jets de pommes pourries déversées sur les allées Jean-Jaurès. Des bombes lacrymogènes sont envoyées en retour. Ces incidents, contenus sur un périmètre restreint, n'ont pas fait de blessés. Peu après 16 heures, les artères du centre-ville sont rendues à la circulation alors que les agriculteurs remontent les allées Jean-Jaurès et se dispersent.
La mobilisation en France
La Fédération nationale des exploitants agricoles (FNSEA), qui attendait 40 000 manifestants, annonçait hier une mobilisation encore plus forte, avec la participation de 52 000 agriculteurs. « Je crois que la mobilisation est réellement là », a déclaré Jean-Michel Lemétayer. Le président s'est défendu de faire de cette journée d'action nationale une « séance de rattrapage » pour son syndicat qui avait refusé récemment de soutenir la grève du lait. À Paris, des céréaliers ont remis en cause le patron de la FNSEA. « Lemétayer, la PAC fout le camp, les adhérents aussi ».
Des manifestations ont eu lieu à Nantes, Metz, Colmar, Fontainebleau, St-Quentin, Laon, Soissons, Dunkerque, Lille… les cortèges de tracteurs ont occasionné de sérieux ralentissements sur les voies d'accès à de nombreuses villes.
A l'issue de cette journée, Nicolas Sarkozy a promis « des initiatives fortes » avant fin octobre. Le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, rencontrera mardi l'ensemble des organisations représentatives syndicales des agriculteurs.
Par ailleurs, Bruxelles va annoncer lundi une aide additionnelle «proche de 300 M€» en 2010.
http://www.ladepeche.fr/article/2009/10 ... itole.html