Suaire de Turin: un expert liégeois apporte un nouvel indice
- B9712025588Z.1_20170515170740_000+GBR92N5JH.1-0.png.jpg (85.08 Kio) Vu 36024 fois
Le suaire de Turin continue d’attiser les passions. Après l’autopsie du linceul réalisée par le professeur Philippe Boxho de l’Université de Liège, voici maintenant un numismate liégeois, Agostino Sferrazza, qui apporte également sa pierre à l’édifice. Tous deux penchent pour accréditer la thèse qu’il s’agit bel et bien du drap qui a recouvert Jésus dans son tombeau.
Le suaire de Turin a déjà fait l’objet de milliers d’écrits et d’études depuis des siècles et malgré tout, il partage toujours autant l’opinion. Il y a ceux qui croient qu’il s’agit réellement du linceul qui a entouré le corps de Jésus, entre sa crucifixion et sa résurrection trois jours plus tard. Et il y a ceux qui sont persuadés qu’il s’agit d’un faux, réalisé au Moyen Age, dans le but de s’attirer des fidèles et leurs offrandes.
Mais les techniques modernes ont permis de déceler des éléments qui n’étaient pas visibles à l’œil nu auparavant. Ainsi en va-t-il des deux zones plus claires que l’on apercevait près des globes oculaires du visage du Christ et qui ont été analysées dans les années 70 par les photographes de la Nasa. Avec les mêmes techniques qui permettent de faire apparaître des points lumineux au fin fond de l’univers.
En les grossissant et en utilisant les contrastes clair-obscur, certaines personnes ont pu y déceler la forme et le dessin de deux pièces de monnaie ! Leur présence est loin d’être saugrenue dans la mesure où Il s’agissait d’une coutume fréquente à l’époque : la pièce de monnaie placée sur les yeux des morts était censée payer Charon, un personnage mythologique qui possédait une barque et qui pouvait ainsi vous faire passer le fleuve vers le royaume des morts.
Dans les années 80, un père jésuite du nom de Filas, professeur de mathématiques à Chicago, avait alors réalisé une étude sur ces pièces et était arrivé à la conclusion qu’il s’agissait de « leptons romains » qui étaient en circulation en Judée du temps de Jésus. Peu de scientifiques lui avaient accordé du crédit à l’époque, estimant qu’il s’agissait surtout d’une « illusion d’optique de quelqu’un qui voulait croire ». Et ses travaux étaient tombés en désuétude. 30 ans plus tard
Agostino Sferrazza est médecin généraliste à Saint-Nicolas (Liège). Mais c’est aussi un éminent numismate. Une véritable passion chez lui qui date de son plus jeune âge. « Au cours de mes recherches, je suis tombé sur les travaux du père jésuite Filas, explique-t-il. Et j’ai décidé de les analyser avec le regard du numismate. »
Pour être franc, Agostino Sferrazza déclare d’emblée qu’il est croyant mais non-pratiquant. Et surtout qu’il ne voit pas à l’oeil nu tous les détails que semblent voir certaines personnes, dont le père Filas. « Mais ce que je peux affirmer, reprend-il, c’est que si ce que voient ces gens est bien réel, il s’agit à coup sûr de pièces romaines qui étaient en circulation en Judée du temps du procurateur Ponce-Pilate. Et même qu’elles ont été frappées en l’an 29 après Jésus-Christ. »
Elles seraient donc contemporaines de Jésus et accréditeraient la thèse selon laquelle le suaire de Turin serait bel et bien celui qui a enveloppé le Christ. Le professeur Philippe Boxho ne pensait pas autre chose lorsqu’il disait que les marques des blessures sur le suaire de Turin étaient celles de Jésus lui-même, ou bien de quelqu’un mort exactement de la même manière que lui.
Les deux pièces datent de 29, 30 ou 31 après Jésus-Christ
Lundi, Mai 15, 2017 - 17:05
S’il s’agit bien de deux pièces de monnaie qui se trouvent sur les yeux du visage imprimé sur le linceul de Turin, elles ressemblent alors à des « leptons », ces pièces romaines en bronze qui étaient en usage en Judée au début du premier millénaire.
Mais comment Agostino Sferrazza parvient-il à les dater aussi précisément des années 29, 30 ou 31 après Jésus-Christ ?
« Sur l’œil droit, explique-t-il, la reconstruction informatique de la pièce fait apparaître le dessin d’un lipuus (une sorte de crosse) et le nom de Tiberius Cesarius, écrit en grec. Sur l’œil gauche, il s’agit également d’un lepton romain mais avec cette fois le dessin d’un simpulum (une petite coupe liturgique). »
Or, les seuls leptons semblables qu’on ait retrouvés datent tous du temps où Ponce-Pilate était l’envoyé de Rome en Judée, à savoir entre 26 et 36 après Jésus-Christ. Or, on sait que ce procurateur romain a fait frapper au moins trois pièces durant son administration à l’effigie de son empereur Tibère César.
Et sur le revers de ces trois pièces, entre deux branches de laurier ou des épis de blé, on trouve les lettres suivantes : un « L » qui signifie « année », un iota grec qui renvoie au chiffre 10 et soit un digamma, un eta ou un zeta grecs correspondants aux chiffres 5, 6 et 7.
« Nous sommes donc dans la quinzième, la seizième ou la dix-septième année du règne de Tibère César. Tibère étant devenu empereur en 14, on se situe donc dans les années 29, 30 ou 31. Et on sait que Jésus a été crucifié dans sa 33ème année. »
On peut donc affirmer que, si traces de pièces il y a sur le linceul de Turin, elles existaient bel et bien en Judée et étaient en circulation au moment de la mort de Jésus.
L.G.
http://liege.lameuse.be/82430/article/2 ... vel-indice